Un loconois célèbre

Un loconois célèbre


Louis Florimond Joseph BLARINGHEM

né à LOCON

le 1er février 1878.


Son père Louis Désiré BLARINGHEM alors instituteur communal avait été décoré, pour avoir réalisé des expériences très intéressantes concernant le traitement des végétaux (pommes de terre, tabac…), par le Ministère de l'Instruction Publique en 1895 et par le Ministère de l'Agriculture en 1896.


Le jeune Louis qui menait une enfance très heureuse de petit campagnard ne voulait pas entendre parler de l'école. Jusqu'à l'âge de sept ans il refusait obstinément d'apprendre à lire et à écrire. Il se sauvait toujours et se cachait derrière le comptoir de sa tante Julie. Ni les menaces ni le fouet que dut parfois lui donner son père n'avaient de grands effets sur cet entêté qui lui répondait toujours :


" Je veux être comme MANICHE "

- MANICHE était un modeste ouvrier de ferme ! -

C'est alors que grâce à Dieu, pardon, grâce à Monsieur Dieu, instituteur adjoint de Monsieur BLARINGHEM que le jeune Louis prit goût à la lecture. Il fit rapidement de tels progrès que son père décida de lui apprendre le latin et le grec avant de l'envoyer au Collège de Béthune.

En octobre 1891 sur la demande expresse de son père il est admis directement en 3ème Classique. Louis BLARINGHEM est bon élève en toutes matières et obtient presque tous les prix et fin 1895, après 4 années d'études secondaires, il est reçu Bachelier.

Il effectue une année de mathématiques spéciales au lycée Faidherbe de Lille et prépare les concours des grandes écoles.


En 1898, à vingt ans, il est reçu en même temps à l'école Normale Supérieure et à l'ECOLE Polytechnique. Il opte pour l'ENS, promotion 1899.

Son cursus est remarquable :

- Licencié en sciences en 1902

- Reçu 1er à l'agrégation de sciences naturelles en 1903

- Agrégé préparateur de géologie puis de botanique à l'ENS, la même année

- Docteur en Sciences Naturelles en 1907

- Chargé de cours à la Faculté des sciences de Paris en 1907

- Chef de service à l'Institut Pasteur, et Directeur de l'Arboretum de la Mauléverie près d'Angers en 1909

- Professeur d'Agriculture au Conservatoire des Arts et Métiers en 1912, il occupera cette chaire jusqu'en 1922.

- Maître de conférence puis Professeur titulaire à la Sorbonne de 1930 jusqu'à sa retraite en 1949.


En 1928 Louis BLARINGHEM est élu brillamment membre de l'Académie des Sciences - il n'a alors que 50 ans. C'est le plus jeune membre de l'Institut.


Dès 1902 Louis BLARINGHEM débute dans la recherche scientifique et après des observations effectuées dans son village natal il démontre que des mutations de lignées de plantes peuvent être provoquées par des changements de milieu (cette théorie étant largement confirmée par la suite).

Il aborde ensuite un autre chapitre de la génétique, celui de la sélection appliquée à la sélection des plantes cultivées. Il fait alors un stage très fructueux en Suède, au laboratoire d'essais de semences de Slalöf, et parvient ensuite à isoler de nombreuses lignées d'orges de brasserie pures.

En 1930 toutes les orges de brasserie cultivées en France provenaient de lignées sélectionnées par BLARINGHEM et ses collaborateurs.


Alors qu'il était à l'ECOLE Normale Supérieure, Louis BLARINGHEM est pris en amitié par Monsieur LAVISSE, historien bien connu, membre de l'Académie Française et directeur de l'ENS. Intime de la famille BERTHELOT, Monsieur LAVISSE et Louis BLARINGHEM, sont invités à toutes les réunions familiales, et c'est ainsi que Louis BLARINGHEM devint, par alliance, le petit-fils de Marcellin BERTHELOT grand écrivain philosophe et savant immortel.


En 1914, le 3 août, Louis BLARINGHEM, Professeur en Sorbonne, est mobilisé. Il part pour le front avec le grade de caporal et perçoit un traitement de cinq sous par jour (cinq centimes). Après quelques mois de guerre il est nommé sergent puis adjudant. Il participe à la bataille de l'Yser avec les fusillés marins puis aux combats de Douai, de Mont St Eloi et de Pervyse en 1914, à celui de Nieuport en 1915. Il est ensuite nommé officier d'artillerie à titre temporaire ! En 1916 il est cité à l'ordre du régiment et la croix de guerre lui est attribuée. Il est élevé à la dignité de Chevalier de la Légion d'Honneur à titre militaire en 1918. Cette même année il est détaché aux services de fabrications de l'aviation, ses compétences de biologiste permirent de résoudre certains problèmes très importants pour la défense nationale. Le noyer, alors seul bois considéré comme convenant à la fabrication des hélices d'avion, ne suffisait plus à satisfaire les besoins des usines. Louis BLARINGHEM mit au point une méthode permettant, après traitement, de rendre l'orme parfaitement propre à la fabrication des hélices.


Revenu à la vie civile en juin 1919 Louis BLARINGHEM reprend ses activités à la Sorbonne et ses travaux originaux qui aboutiront à de grandes découvertes concernant la génétique : sélection, hybridation, germination des plantes. Il fut le premier français à se consacrer à la génétique des plantes. On lui doit plus de 300 publications (nous n'en citons bien entendu que quelques-unes) : - Mutations et traumatismes, (sujet de sa thèse soutenue en 1907) - Espèces et variétés, - Les transformations brusques des êtres vivants, - Perfectionnement des plantes, - Etc…


Extraordinairement doué, lisant couramment l'anglais et l'allemand, Louis BLARINGHEM effectua des voyages dans le monde entier pour participer à des colloques scientifiques, à des études sur l'adaptation des plantes, donner des conférences…

En 1928 il passe un an à la Maison Franco Japonaise de Tokyo. Il étudie la flore extrême orientale. Il fut plusieurs fois invité par le nouvel Empereur Hiro Hito, lui-même passionné de botanique. Par la suite, après remise des lettres de créances, chaque nouvel Ambassadeur du Japon rendait visite à Louis BLARINGHEM. Louis BLARINGHEM est nommé Président de l'Académie des sciences pour 1947. Il est alors commandeur de la Légion d'Honneur. En 1949 il pris sa retraite comme professeur à la Sorbonne.


A l'aube du 1er janvier 1958 il disparaît très discrètement et repose dans le cimetière de notre petit village de LOCON.


… " Il fut un grand précurseur, un excellent expérimentateur dans un domaine dont dépend le sort de l'humanité.

… Par sa parfaite probité intellectuelle, il reste un maître à penser, que les jeunes générations ne doivent pas oublier. " (Louis GENEVOIX)


Notre village de LOCON peut être fier d'avoir été le berceau de ce grand savant, et qu'il ait choisi la terre de ses ancêtres pour son dernier repos.


Liens pour en savoir plus : Wikipedia - Biographie.net - Institut Pasteur - Ruralia